De plus en plus de revues spécialisées et d’émissions télévisées sont consacrées à la décoration d’intérieur, preuve s’il en est que la demande en ce domaine est très forte. A défaut de posséder soi-même les capacités nécessaires à la mise en valeur de son intérieur ou la volonté de suivre une formation de décorateur d’intérieur, il semble tout naturel de faire appel à un professionnel, à savoir un décorateur ou une décoratrice d’intérieur. Il est donc facile d’en déduire que cette profession a le vent en poupe, sans toutefois perdre de vue que son exercice peut être limité par les contraintes budgétaires du client.
La différence entre les divers métiers liés à la décoration
Plusieurs métiers semblent très proches puisque comportant une notion de décoration intérieure. Mais leurs qualifications étant différentes, leurs services le sont également.
L’architecte d’intérieur
Au contraire du décorateur pour lequel aucun diplôme n’est obligatoire, l’architecte d’intérieur doit posséder un niveau Bac+5 dans le domaine de l’architecture ou de l’art. Il est habilité à modifier les volumes et les espaces architecturaux, non seulement chez les particuliers mais également au niveau des bâtiments publics et du secteur tertiaire.
Le home designer
Il possède généralement un diplôme en design d’intérieur et ses connaissances lui permettent la conception de plans de rénovation, de mobilier intégré et la gestion de chantiers. Bien que la décoration soit partie intégrante de sa profession, il intervient plutôt dans les changements majeurs d’un intérieur et il est fréquent qu’il collabore avec des architectes, des entrepreneurs, des ébénistes et… des décorateurs.
Les missions du décorateur d’intérieur
Le décorateur d’intérieur joue avant tout un rôle de conseil. On peut faire appel à lui dans des situations très variables allant de l’aménagement d’un logement au changement de mobilier, en passant par la recherche d’un tissu de canapé assorti au papier-peint.
Son objectif est de modifier un intérieur de façon à ce qu’il soit à la fois fonctionnel et agréable. Pour ce faire, il doit cependant tenir compte des désirs et des besoins du client en respectant son budget et ses goûts. Son côté créatif se traduit par une maîtrise parfaite de l’association des styles, des matières, des couleurs et des structures. La combinaison de ces divers éléments et l’optimisation de l’éclairage permettront alors de faire de chaque pièce un lieu unique. Il est indispensable qu’il se tienne au courant des dernières tendances.
L’intervention du décorateur d’intérieur passe généralement par trois types de prestations.
La visite conseil
Cette première visite à domicile permet au professionnel de découvrir le cadre de vie de son client et la décoration existante. Les changements souhaités sont alors définis en fonction de ses besoins, de ses goûts et de son budget. Les propositions tiendront compte de l’intérieur et du mobilier si le client souhaite conserver ce dernier. Le décorateur propose des astuces en terme d’harmonie de couleurs et de matières à l’aide de nuanciers, d’échantillons et de catalogues fournisseurs.
Suite à cette visite conseil, un projet détaillé est alors soumis. Il peut reposer sur des planches mobilier et des planches d’ambiance, des plans d’implantation et même un visuel 3D. Il comporte également la liste des achats nécessaires à l’exécution de l’aménagement (mobilier, matériaux, équipements…).
Le shopping déco
Même si le décorateur d’intérieur a fourni une shopping liste détaillée au client, il n’est pas toujours facile pour ce dernier de se retrouver livré à lui-même au moment d’effectuer les achats. Entre le mobilier, les accessoires tels que luminaires, tapis ou rideaux et les divers revêtements (peinture, carrelage, papiers peints…), il aura inévitablement des moments de doute. Il entre dans les attributions du professionnel de l’accompagner lors de cette recherche, d’autant plus qu’il possède un carnet d’adresse fourni. En outre, son réseau permet au client de bénéficier de remises professionnelles auquel ce dernier n’aura pas accès s’il effectue lui-même ses achats.
Le décorateur d’intérieur travaille en collaboration avec des artisans (menuisiers, tapissiers, peintres…) et son rôle consiste aussi à mettre le client en rapport avec ces derniers. Il peut donc organiser une visite du logement afin que les divers intervenants évaluent la durée et le coût des travaux à effectuer.
Le coaching déco
Il consiste pour le décorateur d’intérieur à assurer le suivi du travail effectué par les artisans jusqu’à la fin des travaux. Le décorateur peut gérer les commandes et livraisons de matériel et mobilier et mettre en place l’aménagement final une fois tous les accessoires livrés et les travaux terminés.
Le relooking d’intérieur
Faire appel à un décorateur d’intérieur n’est pas automatiquement synonyme de chantier. Quand un client ne souhaite pas changer son mobilier et ses accessoires déco, le professionnel peut lui proposer un relooking d’intérieur. Grâce à une simple réorganisation et une bonne harmonisation des divers éléments, le logement peut alors s’avérer aussi pratique qu’agréable.
Ce relooking consiste à trouver une nouvelle disposition pour les meubles et les objets de décoration en leur attribuant la place qui les mettra en valeur, tout en adaptant ces modifications au mode de vie du client.
Les limites du décorateur d’intérieur
Nous l’avons vu, le métier de décorateur d’intérieur diffère de celui d’architecte d’intérieur. En conséquence certains actes sont interdits au décorateur :
- Réaménagement de l’espace par modification de la structure du logement (façades, cloisons, murs porteurs…) ; seul l’aspect esthétique est du ressort du décorateur.
- Conception de surélévation ou d’extension.
- Sous-traitance de travaux et pilotage du chantier.
Pour ce type de transformation le décorateur peut suggérer des aménagements mais doit déléguer leur réalisation à un professionnel confirmé.
Les qualités nécessaires au décorateur d’intérieur
Il ne suffit pas d’avoir un goût prononcé pour les jolies choses et l’ameublement pour devenir décorateur d’intérieur ; des compétences bien précises sont indispensables pour l’exercice de la profession, hormis bien sûr un sens certain de l’esthétique .
Une bonne visualisation
Malgré l’aide indiscutable qu’apportent ordinateurs et appareils photos, le décorateur d’intérieur doit pouvoir anticiper à l’oeil nu le résultat que donnera un objet dans l’espace par rapport à son échelle, sa couleur, sa taille. En l’absence de cette qualité des risques sérieux d’erreurs existent, synonymes de perte de temps et d’argent si le travail doit être recommencé. Le sens de la perspective, des proportions et de l’équilibre est donc indispensable.
La maîtrise des couleurs
Dans une couleur donnée, il faut savoir distinguer les diverses nuances qui seront à la base d’une bonne harmonisation. Ainsi un bon décorateur détectera un bleu-noir possédant des reflets verts là où le commun des mortels ne verra qu’un noir banal.
L’organisation et la méthode
Le décorateur d’intérieur doit gérer en même temps plusieurs clients, chacun avec son projet et son budget propre. Il faut donc être à la fois méthodique, organisé et multitâches pour éviter que des catastrophes se produisent.
Le goût du contact
On ne vous demande pas de lier une amitié indéfectible avec tous vos clients mais, pour qu’un projet soit mené à bien, un certain feeling est nécessaire. Le décorateur et le client sont partenaires dans ce projet et sans un bon contact entre eux, il risque fort de présenter des difficultés. Il peut d’ailleurs arriver qu’un décorateur se sépare d’un client pour « incompatibilité d’humeur », comme dans un couple.
L’amabilité et la fermeté
En tant que gestionnaire de projet, le décorateur doit savoir conjuguer fermeté et amabilité, tant avec les clients qu’avec les entrepreneurs : faire comprendre à un client que ses exigences sont irréalisables demande du tact et de la diplomatie et l’artisan doit être remis sur les rails si ses travaux ne respectent pas le devis initial ou menacent de dépasser le délai imparti.
La formation de décorateur d’intérieur
En tant que profession non réglementée, aucun diplôme n’est obligatoire pour devenir décorateur d’intérieur. Pour autant il serait totalement inconséquent de se lancer sans une solide formation. D’abord parce qu’un client sera peu enclin à faire confiance à un « professionnel » ne pouvant justifier d’une certification ou d’un diplôme ; d’autre part, le respect des normes de sécurité, la maîtrise des logiciels de DAO (Dessin assisté par ordinateur) et PAO (Publication assistée par ordinateur), indispensables dans le métier, ainsi que le dessin technique, ne s’improvisent pas.
Les formations d’Arts appliqués et des Beaux-Arts constituent le nec plus ultra. Elles vont du niveau Bac+2 (BTS, DMA) à Bac+5 (DNAP, DNSEP…) en passant par le DNAT (Bac+3 et le DSSA (Bac+4). Il est également possible de se former dans certaines écoles particulièrement réputées (Ensad, Camondo, Boulle…).
Il existe divers organismes proposant des formations à distance. Attention dans ce cas à bien vous renseigner sur le sérieux de l’organisme et à vous assurer que la formation est inscrite au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) avant de débourser la moindre somme.