S’installer à son compte pour avoir la possibilité de s’organiser à sa guise et trouver un juste équilibre entre vie familiale et professionnelle, voilà sans doute le rêve de bon nombre de décorateurs d’intérieur. Pour autant, il n’est pas facile de se lancer dès la sortie de sa formation décorateur intérieur, surtout quand on ne possède pas un carnet d’adresse bien fourni. Comme dans toute profession où on l’on peut exercer aussi bien en tant que salarié qu’en indépendant, il est fortement conseillé de débuter comme décorateur d’intérieur salarié.
Pour faire ses armes, un décorateur d’intérieur peut travailler dans un cabinet d’architecture intérieure : en tant que professions complémentaires, les architectes et les décorateurs travaillent conjointement et la majorité des cabinets possèdent leurs propres décorateurs salariés. Il est également possible d’exercer dans une boutique de décoration ou dans une grande enseigne.
Un statut de transition : le portage salarial
Pour un décorateur d’intérieur, le portage salarial représente une solution intermédiaire permettant de tester sa capacité à attirer et fidéliser une clientèle avant de créer sa propre entreprise. Le portage salarial comporte trois parties prenantes :
- la société de portage salarial ;
- le client (entreprise, collectivité locale, particulier…) ;
- le consultant (le décorateur en l’occurence).
Le code du travail le définit ainsi : « Le portage salarial est un ensemble de relations contractuelles organisées entre une entreprise de portage, une personne portée et des entreprises clientes, comportant pour la personne portée le régime du salariat et la rémunération de sa prestation chez le client par l’entreprise de portage. Il garantit les droits de la personne portée sur son apport de clientèle. »
Ses avantages
- Le décorateur exerce son activité en toute autonomie : c’est lui qui démarche la clientèle et fixe ses honoraires.
- Il est déchargé du traitement juridique, fiscal, comptable et administratif qu’implique le statut d’indépendant.
- Il conserve les avantages du statut de salarié (congés payés, couverture sociale,…).
- Il peut bénéficier d’avantages du type CE ainsi que de la formation continue.
- En tant que bénéficiaire d’une assurance responsabilité civile, il n’a pas besoin de souscrire à sa propre assurance professionnelle.
Ses inconvénients
- Son coût, comportant trois éléments principaux :
- les commissions prélevées par la société de portage (7 à 11% des honoraires) ;
- les cotisations patronales ;
- les cotisations salariales.
- L’obligation de rédiger et signer 3 contrats :
- le contrat de prestation de services, signé par les 3 parties (nature de la prestation, dates de début et de fin, modalités de paiement) ;
- le contrat de travail, signé par le décorateur et la société de portage (CDD mais parfois contrat à temps partiel annualisé ou CDI) ;
- le contrat d’adhésion, signé par le décorateur et la société de portage (modalités de refacturation des honoraires et prestations annexes).
- Le montant minimum de la prestation doit être suffisant, c’est-à-dire représenter généralement des honoraires supérieurs à 1 000 €.
- Le lien de subordination entre la société de portage et le décorateur doit être clairement établi pour se voir accorder les droits à l’assurance chômage.
Le portage salarial doit surtout être considéré comme une période transitoire entre salarié et indépendant car il est évident que son intérêt est plus pratique que financier.
Le statut du décorateur d’intérieur indépendant
Pour s’installer à son compte, le décorateur d’intérieur doit avant tout choisir son statut, à savoir auto-entrepreneur ou entreprise individuelle. La différence entre ces deux statuts porte sur quatre points précis.
Les formalités de création
Dans l’un comme dans l’autre cas vous serez personnellement responsable des dettes de l’entreprise, les patrimoines personnels et professionnels étant confondus.
- Auto-entrepreneur : les formalités de création sont très simples ; il suffit de s’inscrire sur le site de l’auto-entrepreneur et de s’immatriculer au Registre du Commerce et des Sociétés pour pouvoir démarrer son activité.
- Entreprise individuelle : formalités plus longues et plus complexes avec un dossier à constituer et à remettre au Centre de Formalités des Entreprises.
La limite de chiffre d’affaires
- Auto-entrepreneur : le chiffre d’affaire est limité à 32 900 € HT. En cas de dépassement, vous passerez au régime réel d’imposition semblable à l’entreprise individuelle.
- Entreprise individuelle : pas de limite de chiffre d’affaires.
L’aspect fiscal
Auto-entrepreneur et entreprise individuelle sont imposés sur le revenu mais la base imposable diffère.
- Auto-entrepreneur : il est imposé sur son chiffre d’affaires (total des ventes) ; il bénéficie d’une franchise de base (la TVA n’est pas collectée sur ses ventes et n’est pas déduite de ses achats) mais il peut opter pour le paiement de la TVA s’il doit supporter des achats ou des investissements importants.
- Entreprise individuelle : elle est soumise au régime de la TVA.
L’aspect social
Auto-entrepreneur et entreprise individuelle payent des cotisations sociales mais la base prise en compte pour le calcul diffère.
- Auto-entrepreneur : la base de 23,1% pour un décorateur (prestataire de services) repose sur son bénéfice (vente hors taxes).
- Entreprise individuelle : la base repose sur son bénéfice augmenté de ses versements de salaire s’il sont passés en charges.
Malgré certains points communs on constate donc qu’il s’agit là de deux statuts bien différents. L’idéal est de débuter en auto-entrepreneur pour éviter d’être « plombé » par les charges alors qu’on ne génère pas encore de chiffre d’affaires. Une fois atteint le rythme de croisière, vous pourrez alors envisager de changer de statut.
Se constituer une clientèle
La première des choses à faire quand on démarre son entreprise est de se faire connaître pour pouvoir se constituer une clientèle. Le bouche à oreille est certes une bonne méthode mais encore faut-il avoir déjà eu quelques clients susceptibles de diffuser des avis positifs. Voici quelques techniques pour faire savoir que l’on existe.
Le réseautage et les annonces gratuites
Il est primordial de parler de son activité autour de soi, peut-être un des clients de votre boulangère a-t-il dans l’idée de faire changer la décoration de son appartement. N’hésitez pas non plus à passer des annonces professionnelles sur des sites d’annonces gratuites.
Les pages jaunes
Le premier réflexe d’un particulier à la recherche d’un professionnel est généralement de consulter les pages jaunes de sa région, que ce soit sous forme papier ou en ligne. L’inscription se faisant à l’année, elle représente un certain coût mais ce peut être un bon investissement.
Le site internet
Le client voulant refaire sa décoration intérieure cherche à constater « de visu » ce que vous êtes capable de faire et c’est ici que le portfolio prend toute son importance. Le portfolio est l’équivalent du CV mais plus détaillé et il permet de mettre en avant vos réalisations et prouver vos compétences.
Pour créer votre portfolio, prenez systématiquement des photos de tous les projets que vous avez réalisés dans le cadre de votre formation ou à titre individuel (par exemple chez vous ou chez des amis). En publiant vos plus belles réalisations sur le net, vous retiendrez l’attention des clients potentiels. La première page du portfolio sera consacrée à votre présentation en quelques lignes, incluant vos diplômes et vos formations. Il n’est pas indispensable d’y mentionner votre âge : certains clients ont tendance à considérer qu’un jeune manque de professionnalisme. Si vos photos sont classées par catégories, évitez d’en créer un trop grand nombre et fuyez les sous-rubriques. Le contenu ne doit pas être trop complexe aux yeux des visiteurs, la simplicité étant souvent plus efficace.
N’oubliez pas que votre site web sera votre vitrine : il doit donc posséder un design adapté à votre métier de décorateur, être esthétique et bien présenté. De même veillerez-vous à ce que la navigation soit efficace avec des codes visuels et des icônes et une interface simple d’utilisation.
Songez enfin à bien le référencer en insérant un lien sur vos divers profils et sur des forums. L’adresse de votre site doit également apparaître sur tous vos documents professionnels (cartes de visite, devis, factures…).
Les réseaux sociaux
Qu’ils soient généralisés ou spécialisés, optez pour les plus utilisés. En parlant de votre passion pour votre métier, votre réseau s’agrandira progressivement. Intégrez des groupes et des communautés axés autour de la décoration et entrez en contact avec des gens qui vous intéressent. La création d’une page dédiée à votre activité peut également vous permettre de trouver de nouveaux clients.
Vous le voyez, se lancer comme décorateur d’intérieur indépendant est une aventure qui représente des risques à ne pas sous-estimer. Mais faire preuve d’audace stimule la création et, dans votre grande aventure, évitez le contact avec les pessimistes qui vous amèneraient à douter de vous : il est bien connu que le soutien et l’encouragement donnent des ailes.